Les textes présentés dans ce dossier sont des réactions au film du réalisateur roumain Andrei Ujică, L’autobiographie de Nicolae Ceauşescuprojeté lors du colloque international «Usages publics de la mémoire /du passé récent» qui s’est tenu à  Timişoara entre le 19 et le 22 mai 2011 (lire ci-dessous). L’équipe de l’Atelier a souhaité ajouter à ces réactions une chronologie sommaire de la répression en Roumanie, à partir du livre de Romulus Rusan Chronologie et géographie de la répression communiste en Roumanie. Le recensement de la population concentrationnaire (1945-1989), Bucarest, Fundaţia Academia Civică, 2007.

Andrei Ujică est un réalisateur roumain né en 1951, aussi auteur de Videograms of a Revolution avec Harun Farocki en 1992 et Out of the Present (1995).
Voir son site personnel officiel.

Le colloque «Usages publics de la mémoire/du passé récent», organisé par le Centre Interdisciplinaire d’Études Régionales, la Faculté de Lettres, Histoire et Théologie de l’Université de l’Ouest de Timişoara et la Bibliothèque Centrale Universitaire «Eugen Todoran» avec le soutien de l’Ambassade de France en Roumanie, se proposait de remettre en question une problématique mémorielle liée d’une façon directe au contexte postcommuniste roumain. Ce contexte est marqué par une production impressionnante de traces mémorielles, par des pratiques et des politiques souvent conflictuelles, qui marquent des scissions entre des générations et des groupes sociaux ayant eu des expériences de vie très différentes sous le régime communiste, et par des façons diversifiées d’assumer le passé récent, par une période de long silence imposé, par une libération progressive du pouvoir de dire, de juger et d’expliquer.

Le but principal du colloque consistait dans la mise en place de cette problématique complexe, en partant de deux films qui ont généré des réactions contradictoires et des disputes, liées principalement à deux thèmes encore très sensibles du passé récent roumain: la Révolution de 1989 et la figure du couple dictatorial Nicolae et Elena Ceauşescu. Les deux thèmes ont donné lieu à beaucoup, voire à trop, de manipulations et de distorsions pour ne pas continuer à générer un débat qui ne peut qu’être utile pour une clarification progressive des tendances les plus importantes d’interprétation du passé et pour une analyse des discours mémoriels dans le contexte présent de la Roumanie, qui nous permet de les situer et de percevoir leurs enjeux. Outre le film d’Andrei Ujică, fut donc aussi projeté le film Roumanie, une révolution dans l’oeil des médiasd’Antonio Wagner (2009).

D’autres interventions de ce colloque seront publiés en roumain dans la revue du Centre Interdisciplinaire d’Études Régionales, Colloquium politicum n°3 et 4.