Semaine du 27 octobre au 2 novembre.

France

Face à l’arrivée des migrants, le FN ressuscite le mythe résistancialiste 

En septembre, au moment où s’est posée avec le plus d’acuité la question de l’accueil des migrants, Marine Le Pen y est allée de sa comparaison historique, en reprochant à ces Syriens de fuir leur pays en guerre quand les Français seraient allés en bloc se battre contre les Allemands pendant l’Occupation. En une comparaison, la présidente du Front national a commis une double-faute: tracer un parallèle entre la France de 1940 et la Syrie actuelle, et présenter l’image d’une France quasi unanimement résistante. L’historien Laurent Douzou remet les choses d’équerre dans une interview réalisé par Vincent Grimault pour AlterEco Plus. 

http://www.alterecoplus.fr/histoire/comparer-la-france-de-1940-et-la-syrie-aujourdhui-na-aucun-sens-201509240639-00002156.html

États-Unis

Buzz médiatique, expérience sociologique et Hitler bébé

On peut être un grand journal dont la réputation n’est plus à faire et se laisser aller à l’occasion à des accès de bêtise voire à une certaine vulgarité. A moins qu’il ne s’agisse d’une expérience sociologique aussi déstabilisante que fructueuse. L’initiative dont nous parlons est celle du New York Times qui sur son compte Twitter, et deux cents cinquante ans après qu’une citation attribuée à Rousseau a réfléchi à l'(in)opportunité de tuer un mandarin chinois à distance et en toute impunité pour son bien personnel, a sondé ses lecteurs sur la question suivante: Tueriez-vous Hitler bébé? Certains lecteurs ont répondu par l’affirmative sans sourciller, tandis que beaucoup ont préféré repenser l’éducation offerte dans son enfance au futur tyran, d’autres à la responsabilité du capitalisme dans la formation de sa doctrine. Des internautes expliquent, eux, qu’après un tel voyage dans le temps, ils feraient tout pour qu’il soit accepté aux Beaux-Arts de Vienne. Un dernier a même suggéré qu’il profiterait de son grand bon en arrière pour réécrire le Traité de Versailles. Si la question du New York Times peut heurter, force est de constater qu’elle a révélé la richesse des opinions de son public sur les origines du nazisme.
http://www.slate.fr/story/108861/hitler-tuer-bebe-new-york-times

Israël

L’opportunisme politique de Netanyahou défigure le souvenir de la Shoah

Le responsable du service historique du mémorial sur l’Holocauste de Yad Vachem n’a pas mâché ses mots après l’intervention du Premier ministre israélien prêtant à l’ancien Grand Mufti de Jérusalem le rôle de tête pensante de la Shoah: «ces propos sont complètement erronés, sous tous rapports». Beaucoup ont vu dans la sortie de Benjamin Netanyahou une minimisation de la responsabilité de Hitler dans le génocide et une tentative de jeter l’opprobre sur les Palestiniens, en pleine période de violences. Le chef de gouvernement n’a rien arrangé en confirmant ses propos le lendemain lors d’une visite à Berlin. Dans cet article, le Washington Post démonte les contre-vérités avancées par l’homme politique et rappelle notamment que dès la fin de l’été 1941, soit plusieurs mois avant que Hitler et le Grand Mufti ne se rencontrent, les nazis massacraient déjà systématiquement les juifs sur le front de l’est.

https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp/2015/10/22/netanyahu-blames-a-palestinian-for-the-holocaust-what-does-the-evidence-say/

Italie

Le passé de la gauche italienne est l’avenir de l’anticapitalisme européen

Quand Gramsci crée le Parti communiste italien avec notamment Bordiga et Togliatti en 1921, l’organisation se destine à un léninisme classique à l’époque. Mais l’arrestation d’Antonio Gramsci par les hommes du régime fasciste en 1926 va assurer la mutation de la pensée de l’intellectuel et activiste italien. Dans les cahiers qu’il rédige dans ses geôles, Gramsci s’émancipe de l’internationalisme parfois abstrait pour prôner une convergence du socialisme et des valeurs locales, du marxisme et de l’histoire nationale ou régionale. Alors que les souverainetés nationales et populaires sont en crise en Europe, et démunies face au libéralisme, Gaël Brustier dans son livre A demain, Gramsci fait du penseur italien la matrice de la gauche à venir.

http://www.lesinrocks.com/2015/10/01/livres/la-gauche-telle-quon-la-connue-est-morte-11777829/

État islamique

Le califat, totalitarisme omniprésent et introuvable

Depuis quelques semaines, les hommes politiques français se relaient à différentes tribunes pour fustiger ce totalitarisme d’un type nouveau censément incarné par le califat autoproclamé d’Abu Bakr al-Baghdadi. Cette notion, issue de la pensée des libéraux italiens opposés à Mussolini et conceptualisée plus tard par Hannah Arendt, soulèvent tout de même un certain nombre de problèmes quand on cherche à l’appliquer à Daech. Si la lecture salafiste du Coran est la seule acceptée sur les territoires et si les cadres du califat en tirent une idéologie qui tend à s’imposer à l’ensemble de la société, de nombreux traits invalident la possibilité d’un totalitarisme religieux. Parmi ceux-ci, on note que la Sharia définit strictement l’horizon du calife qui, de plus, ne peut faire l’objet d’un culte de la personnalité.

http://www.slate.fr/story/107521/daech-totalitarisme

Semaine du 23 septembre au 1er octobre

Monde arabo-musulman

L’alliance des mamelouks et des fanatiques

Le site Orient XXI vient de reproduire une conférence donnée en juin dernier par le grand spécialiste du Moyen-orient, Jean-Pierre Filiu. La thèse de l’orientaliste est tournée essentiellement contre les partisans de la fameuse «realpolitik» qui voudraient combattre l’État islamique en s’appuyant sur les armes et l’assise politique du clan Assad en Syrie. L’universitaire estime au contraire que les despotismes arabes ont été les catalyseurs de la réaction djihadiste. Les dictateurs, ici considérés comme des mamelouks modernes et fossoyeurs du nationalisme arabe post-colonial, auraient sciemment joué la carte du djihadisme pour fédérer autour d’eux populations mises en coupe et communauté internationale. Difficile d’y voir un pari gagnant.

http://orientxxi.info/magazine/mamelouks-modernes-mafias-securitaires-et-djihadistes,1012

Religion

Les monothéismes au banc des accusés

L’œuf ou la poule? Les religions sont-elles en elles-mêmes des idéologies meurtrières engendrant par nature violence et haine ou les hommes s’abritent-ils derrière des slogans et préceptes religieux pour répandre le sang de leurs voisins? Force est de constater que la laïcisation progressive apparente du XXe siècle a volé en éclat devant l’explosion tous azimuts du fanatisme cultuel. Pour tâcher d’y voir plus clair, Henri Tincq se penche à présent, à travers une série d’articles, sur l’histoire des croyances et la lettre des livres sacrés pour déterminer le degré de culpabilité des grands monothéismes dans la barbarie moderne.
http://www.slate.fr/story/106487/comment-les-religions-sont-redevenues-des-ideologies-meurtrieres

Canada

Viet-Cong et vrais cons

Le groupe de rock canadien Viet Cong a connu une mésaventure grotesque en mars dernier. Leur concert, prévu au Oberlin College, a finalement été annulé. La raison de cette suppression sauvage est simple: les responsables de l’événement ont estimé que le nom de la formation musicale était une insulte jetée à la face de la communauté vietnamienne. On se souvient que le nom de «Viet-Cong» avait été forgé par les Américains pour se moquer des combattants communistes du Vietminh pendant la guerre. Héritage dont il semble que les rockeurs de Calgary soient tenus comptables. Au terme d’un procès d’intention long de plusieurs mois, leurs détracteurs ont eu gain de cause: le quartet vient d’annoncer qu’il changeait d’appellation.
http://www.stereogum.com/1832045/viet-cong-are-changing-their-name/news/

Liban

Autoportrait de l’artiste en soldat pour Millet

Préciser de Richard Millet qu’il est un auteur sulfureux tient de la lapalissade la plus pure, au moins depuis la parution en 2012 d’un texte polémique au sujet d’Anders Breivik. Son nouvel ouvrage, intitulé Tuer, ne devrait pas apaiser les controverses. Il y traite de sa participation à la guerre civile libanaise dans les rangs chrétiens, et revient sur sa vision et son expérience toute personnelle de la guerre. Le conflit interconfessionnel qui a ensanglanté le Liban a engendré un affaiblissement de l’État et l’éclatement du territoire en une mosaïque de communautés étanches ou presque les unes envers les autres sous l’égide de milices armées.
http://www.causeur.fr/richard-millet-israel-beaufort-34608.html

Culture

Femmes fatales et veuves noires

Despot housewives c’est le titre aux allures de pirouette que Joël Soler a donné à sa série documentaire consacrée aux rôles politiques des veuves d’anciens dictateurs sanguinaires. Le réalisateur a entre autres rencontré l’épouse de Pol Pot, celle de Pinochet, la veuve d’Enver Hoxha ou encore la femme de Charles Taylor. Toutes reviennent sur l’action politique de leurs maris ainsi que sur la leur, la postérité de leur régime et celui qui leur a succédé. Le documentariste met aussi l’accent dans cette interview sur les anecdotes que recèle son œuvre: comme l’accueil de Margot Honecker, épouse de l’ancien dirigeant de la RDA, par le Chili de Pinochet après la chute du Mur.
http://teleobs.nouvelobs.com/documentaire/20150918.OBS6055/profession-femmes-de-dictateurs.html?xtor=RSS-30

Semaine du 29 août au 5 septembre

France

A la radio, Garaud fait feu de tout bois

Au petit matin du 20 août, les studios du service public, en l’occurrence France Culture, recevaient l’ancienne conseillère de Georges Pompidou et Jacques Chirac, Marie-France Garaud. Cette souverainiste, gaullienne convaincue, était invitée à revenir sur l’épisode grec, l’évidence de la puissance allemande au sein de l’Union européenne, et l’éventuelle perte de souveraineté de la France contemporaine. Celle qui fut candidate à l’élection présidentielle de 1981 a donné sa vision de la construction européenne en remontant aux origines du libéralisme, qu’elle situe dans la guerre de trente ans des États allemands, et à l’élaboration du concept de souveraineté par Jean Bodin dès le XVIe siècle.
http://www.franceculture.fr/emission-l-invite-des-matins-d-ete-l-invite-des-matins-2015-08-20

États-Unis

Avant que le coq ne chante l’armistice, tu auras renié ta constitution de nombreuses fois

Infamy, l’essai récemment publié par Richard Reeves, soulève un lièvre que les Américains ont longtemps craint de déranger: l’internement forcé des citoyens binationaux américano-japonais de la côté ouest des États-Unis, de Californie en particulier, pendant la seconde guerre mondiale. Cette initiative autoritaire n’avait ni utilité militaire ni nécessité politique mais conjuguait de basses considérations foncières (lesdits citoyens suspectés de partialité envers l’ennemi japonais détenant parfois de vastes domaines agricoles) et préjugés racistes. Les camps accueillant les binationaux présentaient l’inconvénient de violer plusieurs amendements de la constitution américaine. Mais, en plus du contenu de l’ouvrage, c’est sa réception dans la presse qui fait l’intérêt de cette publication. Pour le site américain The Daily Beast, cette épisode honteux de l’histoire moderne américaine illustre les ravages de la paranoïa entretenue par les élites sur l’opinion publique, à l’âge démocratique. Et l’article de dresser des parallèles entre ces arrangements avec les lois fondamentales sur l’autel d’une politique sécuritaire sous la seconde guerre mondiale et les dérives observées aux États-Unis et sur les théâtres d’interventions de ses armées depuis l’Afghanistan.
http://www.thedailybeast.com/articles/2015/08/19/japanese-american-internment-roosevelt-s-domestic-war-on-terror.html

Allemagne

Le soleil d’Egon Bahr se couche à l’est 

Quand le social-démocrate Willy Brandt parvient à former un gouvernement en République Fédérale d’Allemagne, il trouve une nation traumatisée par la mutilation d’une partie d’elle-même, une politique étrangère dominée par la doctrine Hallstein, qui préconise d’ignorer souverainement la République Démocratique d’Allemagne, et deux États qui se regardent en chiens de faïence. Une situation qui ne peut durer selon le chancelier élu en 1969. Il initie alors l’«Ostpolitik» (la politique du rapprochement avec l’Est), aidé par son collaborateur Egon Bahr. Ce fidèle des fidèles l’a suivi depuis la mairie de Berlin-Ouest jusqu’au cabinet de la Chancellerie en passant par le ministère des Affaires étrangères. Cette éminence grise fut le grand artisan de la normalisation des relations avec le bloc soviétique et de l’apaisement avec la RDA. Egon Bahr est mort le 19 août 2015.
http://www.lepoint.fr/monde/deces-d-egon-bahr-proche-de-willy-brandt-et-artisan-de-l-ostpolitik-20-08-2015-1957947_24.php#xtor=CS2-239

Cuba

La nuit où Castro a regardé derrière lui

En 2006, des représentants d’organisations sanitaires et médicales américaines se rendent à La Havane afin de visiter les installations curatives cubaines, réputées parmi les meilleures du monde. C’est là qu’ils rencontrent Fidel Castro, le leader révolutionnaire qui lorgne alors sur les 80 ans et dirige toujours l’île. L’une des participantes raconte ici leur folle nuit face au président cubain, décrivant pendant huit longues heures la réussites du système de santé local. Le plus étonnant est ailleurs cependant: tout au long de la réunion, Fidel Castro distille quelques formules à double-entrée qui semblent indiquer qu’il mène alors une réflexion critique sur sa carrière, à l’heure où il s’apprête à passer la main. Ce sera chose faite un mois plus tard.
http://www.psmag.com/politics-and-law/my-night-with-fidel-castro

Historiographie

La success story d’Henri Guillemin

Henri Guillemin est mort dans sa Suisse d’adoption en 1992 mais son succès ne se dément pas. Au contraire, Internet et Youtube ne font que le renforcer. En effet, de nombreuses conférences et causeries de l’historien français ont été versées à la principale plate-forme vidéo informatique et la verve de l’homme de lettres a séduit plusieurs centaines de milliers d’internautes. Il trouve une résonance française inattendue dans la mesure où Guillemin est resté relativement méconnu dans l’hexagone durant sa vie, du fait de son exil. Rue89 revient ici sur l’impressionnante carrière posthume (qui ne fait que débuter) d’Henri Guillemin et explique pourquoi sa vision romantique et sans compromis de l’histoire plaît particulièrement aux jeunes curieux de notre époque.
http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/17/youtube-letonnant-carton-post-mortem-dun-historien-oublie-260795

France

La Dissidence enfin honorée par les institutions

Comment appeler une opposition à une Occupation sans Allemand, à une dictature sans nazi? Les Antillais ont tranché: ce sera la «Dissidence». Mais cette déclinaison locale de la Résistance ne parviendra pas à atteindre la postérité de celle-ci après-guerre. D’Antilles ou de Guyane partiront plus de 5.000 nouvelles recrues des Forces françaises libres. Après le conflit cependant, le prestige de ces soldats et leurs possibles revendications indépendantistes effraient les nouvelles autorités qui s’y entendront alors à placer la mémoire de ces «dissidents» trop audacieux sous le boisseau. C’est seulement aujourd’hui que cet adjectif substantivé refait (timidement) surface.
http://www.slate.fr/story/105631/resistance-antilles-dissidence

Semaine du 16 au 22 août.

Grèce

Le héros antique c’est Solon

La dette et la Grèce, c’est tout un roman-fleuve. Et l’histoire ne date pas d’hier mais de -594. La démocratie athénienne est encore dans les limbes et la grande cité attique est dans les mains des grands propriétaires terriens qui se partagent le pouvoir et les sols. Les foyers plus pauvres s’endettent auprès de ces heureux hommes et se placent en gage des prêts. Résultat: nombreux sont les petits exploitants qui, faute de pouvoir rembourser les sommes avancées, se retrouvent esclaves de ces mécènes intéressés. Une situation étouffante pour les masses qui placent la cité au bord de la guerre civile, drame que Solon et sa sagesse légendaire sauront éviter en supprimant la possibilité de mettre la liberté d’un individu dans la balance des tractations commerciales… et les dettes privées comme publiques. Un rêve pour les électeurs de Syriza.
http://www.marianne.net/594-av-j-c-les-atheniens-abolissent-leurs-dettes-100235724.html

Allemagne

L’Allemagne, c’est par où?

Le journaliste britannique David Gow n’y reconnaît plus son Allemagne, lui qui y fut correspondant durant la période charnière allant de 1989 à 1995. Où sont passés les dirigeants allemands qui, en 1989, déclaraient vouloir «une Allemagne européenne et non une Europe allemande»? Devenu «un tyran économique et politique», goguenard et directif à l’égard de ses partenaires continentaux, le pays d’Adenauer ne ressemble plus ni à la modeste RFA ni à la discrète Allemagne des premières années de la réunification. La classe politique germanique se gargarise désormais de son dynamisme économique (au nom duquel elle accable la Grèce) et de ses fameuses «réformes», vocable mystérieux aux échos d’incantation religieuse.
http://www.alterecoplus.fr/europe/lallemagne-defait-70-ans-de-politique-europeenne-201507241802-00001928.html

Iran

Non, le régime des ayatollahs n’est pas un nouveau nazisme

Deux candidats à l’investiture républicaine à la Présidentielle américaine de 2016 se sont récemment distinguées en comparant l’Iran de Rohani à l’Allemagne d’Hitler. Cet excès de langage avait l’avantage pour eux de présenter Obama comme le complice d’un potentiel génocide des Israéliens à travers l’accord passé sur le nucléaire entre le gouvernement persan et atlantique. Mais si les déclarations des dirigeants iraniens ont souvent rivalisé d’antisémitisme et d’antisionisme, le parallèle avec les nazis s’arrête là. Entre 10.000 et 25.000 juifs peuplent toujours l’Iran plus de trente-cinq ans après la révolution islamique et leur vie n’a jamais semblé menacée. Selon des cadres de l’armée israélienne, la sulfureuse réputation de l’Iran en ce domaine provient d’une autre source: après que l’Irak baassiste a cessé de représenter une menace, le nouveau géant du Moyen-orient s’est retrouvé à assumer le rôle d’ennemi capital de l’État hébreu.

http://www.theatlantic.com/international/archive/2015/08/iran-nuclear-deal-nazi-germany/400631/?utm_source=SFTwitter

Congo

Quand la photo malmène la colonisation et précipite la modernité

Au début du XXe siècle, le Congo ressemble à une immense ferme. En effet, le pays n’est qu’une vache-à-lait pour le roi des Belges, Léopold II, qui la possède en son nom propre. Après avoir exploité son ivoire, le souverain se met en tête d’en épuiser le caoutchouc pour son plus grand bonheur financier. Mais les populations locales, soumises au servage le plus atroce, sont souvent rétives à l’idée de travailler pour le roi. Les milices frappent durement les hommes et les femmes qui acceptent le moins bien d’être réduits à l’esclavage et les soumettent à coups de massacres et de mutilations, en toute impunité. Les photos prises par un couple de missionnaires britanniques auront finalement raison de cette effroyable tyrannie et mettront sur les rails le Congo moderne.
http://www.lebureaudesreptiles.be/alice-seeley-harris-le-cauchemar-de-leopold-ii/

Semaine du 27 juillet au 3 août.

États-Unis

Obama dans la peau de Chamberlain

«Ah, les cons !» On se souvient de cette exclamation fleurie du président du Conseil Edouard Daladier en direction d’Alexis Leger, ou Saint John Perse,à sa descente d’avion de retour de la conférence de Munich en 1938. Le dirigeant français n’en croyait pas ses yeux: après avoir donné les Sudètes aux nazis, il était acclamé par des Français extatiques à l’idée (fausse) que la paix était sauvée. Côté anglo-saxon, c’est la figure d’Edouard Chamberlain, alors Prime minister, qui tient le rôle du politicien malheureux. Et, comme la mémoire est impitoyable, il peine à trouver l’indulgence ou l’oubli. La preuve, en ce moment où les États-Unis et l’Iran viennent de conclure un accord sur le nucléaire à Vienne, nombreux sont les journalistes américains à comparer le président Obama avec le lointain Premier ministre britannique.
http://www.slate.fr/story/104597/obama-nouveau-chamberlain

Grèce

Emmanuel Todd a de la mémoire

On sent depuis quelques mois que l’essayiste Emmanuel Todd ne s’embarrasse plus de ménagements excessifs. Après avoir critiqué l’unanimisme autour du slogan «Je suis Charlie», et «l’optimisme digne de celui du maréchal Pétain» de Manuel Valls, c’est à présent le leadership allemand sur l’Europe et ses complicités éventuelles. Entre autres remarques historiques, Todd note que l’Europe est sur le point de «s’auto-détruire pour la troisième fois sous direction allemande en cent ans». Ceci étant dit, l’intellectuel lance un avertissement au Président de la République: si il laisse tomber les Grecs, «il part dans l’Histoire du côté des socialistes qui ont voté les pleins pouvoirs à Pétain», ou encore, «on saura alors que c’est la France de Pétain qui est au pouvoir». De manière moins rageuse et plus profonde, il met en valeur un autre trait généalogique du drame grec: il illumine la ligne de fracture entre les régions de l’ancien Empire romain et l’Europe luthérienne.
http://www.lesoir.be/932378/article/debats/2015-07-09/emmanuel-todd-l-europe-s-autodetruit-sous-direction-allemande

Nigeria

La cause biafraise vit encore

Il y a quelques jours Radio Biafra voyait son sifflet coupé par les autorités nigérianes. Celles-ci accusent ce média, installé à Londres, d’exister en toute illégalité et de répandre des propos de haine sur ses ondes afin de fomenter la désunion de la population nigériane. Ce qui prête moins à discussion c’est ce qu’incarne cette station pirate: quarante-cinq ans après avoir été écrasée par les armes, la faim et la maladie, les volontés d’indépendance biafraises sont toujours là. Elles sont portées par les Igbos au sud-est du pays.
http://www.france24.com/en/20150722-biafra-casts-long-shadow-over-nigeria-nearly-50-years?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=twitter&ns_mchannel=social&ns_linkname=editorial&aef_campaign_ref=partage_aef&aef_campaign_date=2015-07-22&dlvrit=66745

Italie

Le pape François a deux amours: la théologie du peuple et celle de la Libération

Quand Evo Morales, le président de la Bolivie, offrit au pape un Christ cloué sur une faucille mêlée jointe à un marteau, ça ne fit rire personne, pas même le pape. Cette scène, située dans le courant du mois de juillet, a ressuscité une vieille interrogation autour des idées du pontife. François est-il le dépositaire de la théologie de la Libération, ce mouvement chrétien ouvriériste et populiste (au sens premier du terme) ? La théologie de la Libération est né en Amérique latine au moment où le continent se déchirait entre des régimes très conservateurs et pro-américains, des gouvernements socialistes et des guérillas. C’est dire si cette idéologie, qui prône la société sans classe, sent le souffre, d’autant plus pour un pape qui peu après son élection a dû montrer patte blanche devant une frange de ses ouailles en précisant qu’il n’était pas marxiste. S’il prend régulièrement ses distances avec la théologie de la Libération, le Saint-Père revendique sa filiation avec la théologie du Peuple. Un sens de la nuance qui rappelle l’art consommé des jésuites pour les subtilités oratoires et intellectuelles ? Sans doute, mais ce débat éclaire une zone grise que recouvre la doctrine sociale de l’Église où l’eschatologie catholique rencontre le sens de l’histoire et la dialectique marxiste.
http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2015/07/17/31004-20150717ARTFIG00362-le-pape-francois-et-la-theologie-de-la-liberation-les-liaisons-dangereuses.php

Israël

Des scientifiques israéliens créent la plus petite Bible du monde

Des experts d’un institut situé à Haïfa ont réussi à graver l’intégralité de l’Ancien Testament sur une capsule minuscule, que pourrait supporter la pointe d’un stylo. Le petit disque a été recouvert d’or avant qu’un rayon ionique ne transperce cette couche pour la couvrir de versets bibliques. C’est 1,2 millions de caractères qui ont été ainsi plaqués sur la capsule. Afin de lire la Torah sur ce curieux matériaux, il faut avoir le matériel adéquat cependant: l’ensemble n’est pas lisible à moins de grossir les lettres 10.000 fois. Cette création est actuellement placée aux côtés des rouleaux de la Mer morte au musée d’Israël. L’objectif des scientifiques est résumé dans la phrase qui conclue l’article de CNN:«La Bible microscopique est une nouvelle manière de regarder l’histoire, allier ces mots antiques qui ne changent jamais avec la technologie qui, elle, est toujours en mouvement.»

http://edition.cnn.com/2015/07/06/middleeast/israel-worlds-smallest-bible/index.html?

Addendum :

http://www.liberation.fr/monde/2015/07/15/johann-chapoutot-pour-les-allemands-les-grecs-d-aujourd-hui-ne-sont-pas-a-la-hauteur-des-grecs-ancie_1348468

Semaine du 3 au 10  juillet 2015

Grèce

 

La Grèce antique plus riche que sa cadette?

On sait tout des ennuis financiers actuels de la Grèce, mais saviez-vous qu’on a longtemps tenu sa version antique pour pauvre également? Des années durant, historiens et lectorats ont rapporté le même paradoxe: la Grèce de Solon, Socrate et Périclès aurait été un géant culturel et philosophique, une montagne du paysage politique…mais un nain économique à la croissance nulle. Josiah Ober, de l’université américaine de Stanford, s’inscrit en faux contre cette analyse. Avec ses élèves, il vient de créer un site prouvant la bonne santé de la croissance grecque entre 1000 avant J.C et 300 avant J.C. Le chercheur admet que ces courbes économiques avantageuses n’ont pas empêché la brillante civilisation grecque de sombrer. Une observation qui résonne comme une invitation à la prudence politique: «Cela peut conduire les gens à se rendre compte que le monde qui est le nôtre aujourd’hui ne sera pas nécessairement celui de demain», explique Josiah Ober.

http://news.stanford.edu/news/2015/june/greek-economy-growth-061115.html

Grèce

Le «Non» fait la fierté de la Grèce depuis soixante-quinze ans

Le 28 octobre au petit matin, un coup de téléphone réveille le dictateur de la Grèce d’alors, Ioannis Metaxas. A l’autre bout du fil, c’est la voix de l’ambassadeur italien, Emmanuele Grazzi. Les demandes que fait celui-ci pour le compte du gouvernement fasciste de Mussolini sont exorbitantes: libre-circulation des troupes italiennes dans la péninsule hellène, et cession de plusieurs points jugés stratégiques. Encore endormi, peut-être pas totalement conscient des enjeux que revêtent ces sollicitations, Metaxas répond tout simplement «Non» («Oxi» en grec) avant de raccrocher. Cette réponse pleine de panache explique que le 28 octobre, date par conséquent de l’entrée en guerre contre l’Italie, soit devenue une des deux fêtes nationales en Grèce. «Oxi» c’est aussi la réponse que le Premier ministre Alexis Tsipras appelait à donner au référendum sur l’adoption ou non du plan des créanciers. Comme le note ici Romaric Godin, un des plus fins observateurs de la crise grecque, ce phénomène d’écho à soixante-quinze ans d’intervalle est tout sauf un hasard.
http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-ce-que-signifie-le-non-de-1940-489613.html

Royaume-Uni

800 et toutes ses dents

La Magna Carta anglaise a donc 800 ans depuis le 15 juin dernier. A l’époque, le texte est signé par le roi Jean sans Terre et les grands féodaux. L’aristocratie anglaise s’est révoltée contre son suzerain en raison de l’imposition de nouvelles taxes pour financer de nouveaux conflits qui se concluront, estiment les barons, par de nouvelles défaites, vu le peu de succès du souverain à la guerre. La presse britannique et américaine a évoqué ces derniers jours l’importance que revêt ce texte dans l’établissement de leur système légal, juridique, politique. Un avis que partage cet article de The Conversation bien qu’il reconnaisse que sur les 63 points originaux de la Magna Carta, trois seulement sont encore en application.
https://theconversation.com/magna-carta-at-800-we-are-still-enjoying-the-freedoms-won-41928

États-Unis

Chimes of Freedom

Aux États-Unis, le 4 juillet est un rituel qui ne perd rien de son gigantisme d’une année sur l’autre. Le programme mêle le barnum militaire, les références aux pères fondateurs, le souvenir des disparus, les échos renvoyés par l’actualité récente d’une armée régulièrement engagée sur les théâtres de guerre mondiaux. Le site du magazine The Nation a choisi de traiter l’événement différemment, en proposant une liste, purement arbitraire, des chansons les plus adéquates à coller au mélange d’émotions et de significations de la fête nationale américaine. Petite odyssée au cœur du patriotisme américain depuis la version de This Land is your Land du Grateful Dead au titre Winter in America du poète et chanteur Gil Scott-Heron, en passant par la reprise Chimes of Freedom par Bruce Springsteen. Certifié 100% sans républicain.
http://www.thenation.com/article/top-ten-july-4th-songs/

Espagne

«A part peut-être madame Thatcher»

Manuela Carmena est la nouvelle maire de Madrid, issue du parti antilibéral Podemos. Cette ancienne juge anti-corruption, devenue édile le 13 juin, veut mettre de l’ordre, par un tri draconien, dans l’héritage d’Ana Botella, résidente de l’hôtel de ville avant elle. Une envie qui se traduit jusque dans sa vision urbanistique car Manuela Carmena entend changer le nom de la place Margaret-Thatcher: «Les militants de Podemos refusent qu’un espace public porte le nom de la Dame de fer qui a asservi le mouvement ouvrier», explique un journal espagnol. Un bon résumé de la carrière de l’ancienne Première ministre britannique mais qui ne plaît pas au conservateurs anglais.
http://www.courrierinternational.com/article/espagne-madrid-la-nouvelle-gauche-veut-debaptiser-la-place-margaret-thatcher

Semaine du 8 au 15  juin 2015

Russie

T’as fait ton devoir de patriotisme pour demain?

Alors que le Crimée est redevenue russe depuis un an, et que la Russie soutient les séparatistes de la région du Donbass, à l’est de l’Ukraine, « l’arrière » se mobilise aussi au pays de Vladimir Poutine. Des cours de patriotisme ont été inscrits au programme de toutes les écoles de la « Sainte Russie ». Baptisée de manière consensuelle «Nous sommes ensemble», cette matière consiste essentiellement en des lectures plus ou moins enthousiasmées de profs devant leur auditoire puis d’échanges autour de l’actualité internationale et militaire. Comme un lycéen reste un lycéen, le cours magistral semble plutôt ennuyer qu’autres choses les élèves passifs mais la discussion fait parfois émarger des propos nuancés. Cependant on n’étonnera personne en disant que ce type de débat est sous surveillance.
http://www.rferl.org/content/russia-crimea-patriotism-classrooms-history/25327022.html

France

La Semaine sanglante est devenue un produit comme un autre

S’il était possible de mourir plusieurs fois, nulle doute que les communards auraient été les premiers à subir cette triste répétition. Au moment même où les Versaillais de Thiers réprime brutalement cette tentative de gouvernement autonome unissant ouvriers et artisans, Émile Zola évoque « l’horrible nécessité » des « bains de sang » pour calmer « certaines fièvres parisiennes ». Anatole France, autre homme de gauche, s’exclame horrifié devant la naissance de la Commune de Paris : «C’est le gouvernement du crime et de la démence». Depuis, le souvenir de la Commune peine même à se frayer un chemin dans les manuels d’histoire. Cette fois-ci, leur mémoire subit un affront commercial. Une boutique de la marque « Commune de Paris » vient d’ouvrir dans le 3ème arrondissements de la capitale, et on y vend des chemises à 140 euros ou des mugs Louise Michel à 60 euros. On achève bien les Communards décidément…
http://www.lesinrocks.com/2015/06/06/actualite/les-hipsters-recuperent-la-commune-de-paris-lextreme-gauche-soffusque-11752370/

Insolite

Waterloo a fait des petits

La défaite de Napoléon et la victoire des Anglo-Prussiens de Wellington et Blücher à Waterloo a inspiré la culture mondiale, des Misérables d’Hugo au Waterloo réalisé par Bondartchouk en passant par La Chartreuse de Parme de Stendhal. Les malheurs des Français ont aussi eu une conséquence plus inattendue: des Waterloo ont été fondés un peu partout dans le monde. Yves Vander-Cruysen en a recensé 124 dans cet article de La Libre Belgique. On en découvre en Nouvelle-Zélande bien sûr mais aussi au Sierra Leone…et même en France ! Les histoires cachées derrière cette duplication toponymique sont diverses. Beaucoup doivent leur nom au village belge pour avoir été fondés par des vétérans de la bataille. Aux États-Unis cependant, ce sont bien souvent des querelles de clochers qui en sont à l’origine. L’auteur relate notamment cette anecdote: au Tennessee, une bande d’hommes armés assiègent une ferme dissimulant une distillerie clandestine. Ils lèvent bientôt le siège, vaincus. La ferme et les maisons qui s’y aggloméreront ensuite prendront le seul nom capable de commémorer cette pantalonnade, Waterloo.

http://www.courrierinternational.com/article/waterloo-1815-2015-waterloo-une-bourgade-brabanconne-devenue-universelle

États-Unis

Une élection vaut bien une chanson

Et si l’hymne officielle faisait partie des invariants d’une campagne politique? C’est la question qu’on pourrait soulever à la lecture de cette playlist concoctée par les soins de The Verge. Le site se penche sur les chansonnettes entonnées par les foules et les chœurs au moment de l’entrée sur scène d’un candidat à l’élection présidentielle. Et l’article remonte à…1824 et la chanson « The Hunters of Kentucky », à la gloire d’Andrew Jackson qui deviendra président en 1828. Il y a peu de bonnes surprises musicales ici. L’électoralisme semble avoir tiré même les plus grands vers le bas, comme Sinatra qu’on voit ici ravalé au rang de pauvre rimeur pro-Kennedy. Harry Truman a, quant à lui, eu la main (ou l’oreille) plus heureuse.

http://www.theverge.com/tldr/2015/6/5/8732657/presidential-candidates-campaign-song-rick-perry

Musique

Pour certains, les nazis ont massacré la production musicale

Ted Gioia débusque ici une théorie du complot particulièrement farfelue. Aujourd’hui, certains conspirationnistes affirment que la musique que nous écoutons provient d’instruments de musique mal accordés. Et pourquoi? Selon eux, Goebbels et les nazis auraient décrété que les artistes devraient désormais s’accorder à 440 hertz plutôt qu’à 432, cette modification permettant de contrôler et manipuler plus efficacement les masses. Le journaliste a ici le courage, pour en avoir le cœur net, de s’attaquer à ce débat de puristes et d’expliquer ce qui a amené ce bouleversement mélodique. A son origine, on ne trouvera pas le plan machiavélique d’un nazi, assisté par la complicité des maisons de disque contemporaines, mais des raisons plus prosaïques.
http://www.thedailybeast.com/articles/2015/06/06/are-we-all-mistuning-our-instruments-and-can-we-blame-the-nazis.html

Semaine du 24 au 31  mai 2015

France

Jean Zay consacré mais pas encore libéré des controverses

Jean Zay fait le 27 mai son entrée au Panthéon aux côtés de trois résistants. Une consécration offerte par une République reconnaissante à l’un de ses grands hommes longtemps retardée par des polémiques vieilles de 70 ans. Jean Zay, c’est ce fils d’un juif libre-penseur, élevé par sa mère dans la religion protestante, député radical au début des années 30 puis ministre au long cours (pour la IIIème République) de l’Éducation nationale, entre 1936 et 1939. Une carrière politique brillante qui se termine dans les geôles de Vichy puis en 1944, dans une forêt où il est froidement assassiné par la Milice de Darnand. Il était une cible de l’extrême-droite depuis une dizaine d’années et la reparution d’un poème antimilitariste, écrit à vingt ans, dans la presse nationaliste. Une fantaisie de jeunesse qui le poursuivra toute sa vie et qui excite toujours contre lui de nombreuses franges de la droite la plus radicale aujourd’hui. Le Monde a assisté à l’hommage à Jean Zay par sa «bonne ville» d’Orléans.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/05/19/l-hommage-d-orleans-au-futur-pantheonise-jean-zay_4635928_823448.html

France

Luc Ferry, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, qui ferait bien d’ouvrir un manuel d’histoire

Le 17 mai, un spectacle curieux s’affichait sur l’antenne d’I-Télé. On pouvait y voir et y entendre un ancien ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry, se livrer avec autant de légèreté que d’aplomb à un exercice de révisionnisme sur le dos d’un épisode de l’histoire de France. Pour lui, la situation au Moyen-Orient s’éclairait par un parallèle avec la guerre de Vendée durant la Révolution. La guerre, pardon, le «génocide» dit-il, qui aurait fait «500.000» morts, terme et chiffres que « plus aucun historien ne conteste ». Une seule phrase pour trois erreurs historiques, ça fait beaucoup pour l’ancien tuteur des écoles de la République. C’est aussi ce qu’a pensé le journaliste Antoine Louvard sur son blog, qui démonte ces contre-vérités point par point, arguments et sources à l’appui.

https://loupetplume.wordpress.com/2015/05/20/sur-trois-enormes-betises-dun-ancien-ministre-de-leducation-nationale/

Syrie

Palmyre en sursis

Palmyre, joyaux de l’humanité, vient de tomber aux mains de la soldatesque du groupe «Etat islamique». En fuyant, l’armée syrienne assure avoir évacué les habitants de la ville. Mais le problème est tout autre pour ce qui est des antiquités qui fourmillent dans cette cité plusieurs fois millénaires. Lors des derniers mois écoulés, les soldats de l’EI ont montré le peu d’affection qu’ils nourrissaient à l’égard d’un passé porteur de deux pêchés indélébiles: avoir eu lieu avant l’apparition de l’islam, et dater de l’époque où on adorait des dieux nombreux, sous la forme de statues (l’idolâtrie est sévèrement condamnée dans le Coran). Le musée des antiquités de Mossoul, l’ancienne Ninive,a déjà subi la colère des extrémistes.

http://www.bbc.com/news/world-middle-east-32820857

Europe

Coup de Trafalgar: un historien britannique déplore la chute de Napoléon

Andrew Roberts est un historien britannique qui a de quoi étonner. Au moment où on s’apprête à commémorer le bicentenaire de la défaite française de Waterloo, il vient de publier, dans le Smithsonian, ses regrets sur l’issue de la bataille. Pour lui, c’est bien simple, l’Europe se porterait mieux si Waterloo n’avait pas eu lieu, et si Napoléon, revenu de l’île d’Elbe, avait pu rester maître de la France. Selon lui, la présence de Napoléon aurait empêché la répression des mouvements révolutionnaires grec, italien, polonais entre autres, et la mise en place d’un ordre européen chapeauté par la Sainte-Alliance.
http://www.smithsonianmag.com/history/we-better-off-napoleon-never-lost-waterloo-180955298/?no-ist

Royaume-Uni

L’administration britannique «retrouve» 170.000 documents coloniaux

Le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth vient de faire une découverte aux airs d’aubaines pour les historiens britanniques: 170.000 documents Top secret émanant de feu le Bureau colonial dans une cache. Ce lot substantiel a été trouvé à l’occasion d’un audit gouvernemental dans l’administration. Ce n’est pas la première fois que des fichiers déclarés auparavant perdus par les autorités sont miraculeusement retrouvés. En 2011, déjà, la subsistance de 1.500 documents liés au Kenya avait été confirmée. Le destin réservé à ces feuillets est heureux d’autant plus que, comme d’autres partenaires internationaux, la Grande-Bretagne en a supprimé par le passé un certain nombre retranscrivant des épisodes coloniaux. Les services ont détruit les traces d’un massacre commis en 1948 dans un village malaisien.

https://news.vice.com/fr/article/des-documents-top-secrets-de-lere-coloniale-redcouverts-par-le-royaume-uni?utm_source=vicenewsfrtw

Semaine du 11 au 18 mai 2015

Ukraine

Exercice de réécriture à l’est

Le centre Simon-Wiesenthal, fondé en 1977 d’après le nom du célèbre chasseur de nazis, a vu rouge le mois dernier. En cause, la double décision polémique de la Rada, la chambre des députés ukrainienne: d’une part, les parlementaires de Kiev ont renvoyé dos à dos les deux régimes soviétique et hitlérien mais ont accordé le statut de «combattant de la liberté» aux partisans nazis de la seconde guerre mondiale, opposés de fait aux hommes de Staline. Un camouflet symbolique mais aussi une réalité difficile à accepter car, avec ce statut, vont un certain nombre d’avantages. Ces tentatives de réécriture de l’histoire sont «répandus dans les pays de l’ancien bloc soviétique, mais ne peuvent en aucun cas effacer les crimes commis par les collaborateurs nazis dans ces pays», a affirmé le docteur Zuroff responsable des affaires de l’Europe de l’est pour le centre Simon-Wiesenthal.
http://www.wiesenthal.com/site/apps/nlnet/content.aspx?c=lsKWLbPJLnF&b=8776547&ct=14583393

Tiens, un revenant!

Rachel Donadio, du New York Times, est allée à la rencontre de Timur Vermes, un ancien journaliste politique passé auteur satirique. Et pas n’importe lequel, un auteur capable de vendre deux millions d’exemplaires d’un roman intitulé, Devine qui est de retour? racontant les pérégrinations d’Adolf Hitler se réveillant dans l’Allemagne de 2011 et l’évaluant selon ses propres critères. Ce succès est, selon Timur Vermes, symptomatique de l’envie qu’ont les Allemands depuis les années 90 de «raconter la même histoire mais d’une autre manière». Si le livre sera bientôt adapté au cinéma et doit être traduit en 42 langues, dont l’hébreu, la presse littéraire allemande s’est montrée au moins mitigée quant à l’ouvrage. Il faut dire que mettre en scène le tyran de façon à amener le lecteur dans une zone grise où il «sent possible une affinité avec le méchant» est une gageure difficile à relever dans ce cas. C’est aussi l’éternel pari de l’humour noire qu’il s’agit de relever. Songeant à la carrière d’Helmut Kohl, le Hitler de Vermes songe: «On l’a autorisé à gouverner l’Allemagne pendant seize ans, quatre de plus que mois. Inconcevable!»
http://www.nytimes.com/2015/05/05/books/look-whos-back-germans-reflect-on-the-success-of-a-satire-about-hitler.html?_r=1

Allemagne

Hitler, l’éternel retour

Vous trouvez que les médias parlent trop d’Hitler? Vous avez raison et on en a la preuve désormais. Slate.fr a monté une infographie baptisée Un jour, un Hitler à l’occasion des soixante-dix ans du suicide du dictateur au fond de son bunker berlinois. Le concept: disposer sur l’écran 365 vignettes allant du 30 avril 2014 au 29 avril 2015 et sur chacun d’entre elles une photo sur laquelle on peut cliquer. S’ouvrira alors un article publié par un titre de presse (généralement anglophone ou francophone) paru à cette date et ayant pour sujet Hitler. Et les sujets sont variés: on passe du reportage de ce pêcheur qui chassait un requin baptisé «Old Hitler», au signalement de cette vente aux enchères où l’on vend une peinture de l’ancien aspirant aux Beaux-arts de Vienne, en découvrant cet homme qui gagne sa vie en tant que sosie du despote. Un monde formidable.

Insolite

Quels caractères cet Einstein !

Il aimerait voir son projet arrivé à terme avant la fin de l’année 2015 pour célébrer le centenaire de la théorie de la relativité d’Albert Einstein. Harald Geisler a mis la main sur des milliers de feuilles recouvertes de l’écriture, qu’on imagine nerveuse, du grand physicien pour en faire une police informatique. L’idée lui est venue en 2009 et depuis, Geisler a lancé une campagne Kickstarter pour financer ce projet joliment inutile. Inutile, oui sans doute, mais qui n’en reste pas moins un bel hommage.
http://www.independent.co.uk/life-style/gadgets-and-tech/news/new-font-based-on-albert-einsteins-handwriting-being-created-through-kickstarter-campaign-10227911.html

Semaine du 27 avril au 4 mai 2015

Arménie

100 ans après le génocide, le tabou règne toujours en Turquie

Ces derniers jours, les 150 ans du génocide arménien ont vu le souvenir des 1 millions 500.000 victimes du génocide retrouver une place dans le discours des dirigeants du monde entier. Le pape François a utilisé le mot qui fâche, François Hollande a réclamé que la Turquie en fasse de même pour « partager un même destin » avec le peuple arménien, les Allemands ont reconnu leur responsabilité dans les massacres perpétrés entre 1915 et 1917 par leur allié ottoman durant la Première guerre mondiale et les parlementaires autrichiens ont observé une minute de silence. Ces initiatives ont bien sûr raidi la Turquie d’Erdogan qui persiste à voir dans ces meurtres une guerre civile et déplore des carnages provoqués par les tensions du conflit mondial.
http://www.liberation.fr/monde/2015/04/24/armenie-hollande-attend-d-autres-mots-de-la-turquie_1263786

France

Le PCF était-il (inter)nationaliste dans les années 70 ?

« Marine Le Pen s’exprime comme un tract du Parti communiste des années 70 (…) sauf que le PCF ne demandait pas qu’on chasse les étrangers, qu’on fasse la chasse aux pauvres. » La sortie de François Hollande sur le plateau du Supplément de Canal Plus a eu le don d’énerver le premier secrétaire du PCF, Pierre Laurent, qui a réclamé des excuses publiques au président de la République. Mais la comparaison est-elle si déplacée que ça ? Les décodeurs du Monde.fr se posent la question. Pour eux, le rapprochement ne tient pas avec les communistes des années 70, par ailleurs alliés aux socialistes dans le cadre du « Programme commun », mais est plus pertinent avec les discours de Georges Marchais au tournant des années 80.
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/04/20/le-fn-dit-il-la-meme-chose-que-les-communistes-il-y-a-trente-ans_4619300_4355770.html

France

Le Corbusier, un bâtisseur fasciste ?

Au moment où une exposition lui est consacrée au musée Beaubourg à l’occasion des 50 ans de sa mort, deux biographies font de l’architecte français Le Corbusier un artiste et urbaniste fasciste. Ses accointances d’avant guerre avec les ligues et son séjour à Vichy durant l’Occupation étaient déjà connues mais les thèses défendues ici soutiennent l’idée d’une contamination de son œuvre par ces discours. Pour de nombreux chroniqueurs, son amour de l’angle droit, de la géométrie et de la standardisation sont liés à son passé idéologique embarrassant. Le centre Pompidou marche, lui, sur des œufs : le musée a même décidé de ne pas se pencher sur le parcours politique de Le Corbusier.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/04/24/la-charpente-fasciste-de-le-corbusier/

Indonésie

« Esprit de Bandong, es-tu là ? »

Il y a soixante ans, la ville de Bandong, en Indonésie, voyait éclore un nouvel acteur de la géopolitique : le tiers-monde et ses non-alignés. Les 29 états africains et asiatiques, fraîchement affranchis de la tutelle des occidentaux, voulaient encourager le processus de la décolonisation et proposer un nouvel ordre économique et politique. Un demi-siècle plus tard, pas sûr que le pari ait été relevé sur tous les plans. Les participants de cette conférence se sont réunis du 19 au 24 avril derniers. Entre une opinion publique indonésienne hostile à la Chine et les contrecoups de la crise économique, la réunion de 2015 n’a pas moins d’enjeux à soulever que celle de 1965.
http://www.courrierinternational.com/article/indonesie-soixante-ans-apres-lesprit-de-bandung-subsiste

Cambodge

Il y a quarante ans, les Khmers rouges mettaient la main sur le pays

En 1975, le Viet-Nam du nord s’empare d’un Saigon déserté par les Américains et de l’autre côté de la frontière cambodgienne, les Khmers rouges prennent Phnom Penh. Au moment où les hommes de Pol Pot entrent dans la capitale cambodgienne, de nombreux médias occidentaux saluent l’événement y voyant le triomphe d’une souveraineté populaire contre les ingérences étrangères. Quelques jours après, l’évacuation manu militari des habitants de la ville vers les campagne inaugure la politique de terreur et d’atrocités des Khmers rouges. Longtemps taboue, voire niée, la société cambodgienne parvient à mieux regarder la réalité de ce régime à l’heure du quarantième anniversaire de celui-ci.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/40-ans-apres-les-khmers-rouges-le-cambodge-en-quete-d-une-memoire-depassionnee_1672021.html

Europe

Un spectre hante toute l’Europe : le spectre d’Adolf Hitler

Pour l’éditorial du quotidien bruxellois, on n’en a pas fini avec Hitler. Et au vu des articles dédiés à l’ex-chancelier allemand à l’approche des soixante-dix ans de son suicide, au fond de son bunker de Berlin, il se pourrait qu’il ait raison. Un intellectuel interviewé dans le supplément annoncé ici pense même que le leader nazi est appelé à retrouver une actualité autour de son versant antilibéral et anticapitaliste. Mais l’épouvantail d’Hitler est aussi prétexte ici à la reprise d’une version idéalisée de la construction européenne.
http://www.lesoir.be/860989/article/debats/editos/2015-04-25/adolf-hitler-hante-toujours-notre-societe

Allemagne

L’Allemagne, un IVème Reich? C’est pas faux pour Der Spiegel

Le parallèle entre l’Allemagne de Merkel et celle des nazis a souvent été brossé par les manifestants des pays du sud de l’Europe touchés de plein fouet par la crise économique. On a vu fleurir les caricatures grimant la chancelière sous les traits de son prédécesseur Adolf Hitler. Arnaud Montebourg avait même qualifié la politique allemande, qui s’impose à la zone euro, de « politique à la Bismarck », dressant donc pour sa part une comparaison avec le IIème Reich. Le journal Der Spiegel a pris au sérieux ces critiques et a examiné leur fondement. Pour ses journalistes, si la référence nazie est bien sûr absurde, l’assimilation de l’Allemagne contemporaine à un nouveau Reich ne l’est pas tant que ça. Fort de ses succès économiques, elle exporte désormais ses règles à ses partenaires européens en plus de ses biens. Mais l’Allemagne se sent fragile et ne veut pas reprendre à son compte toutes les responsabilités politiques qui va avec ce leadership. Vox a résumé l’étude de Der Spiegel ici :
http://www.voxeurop.eu/fr/content/news-brief/4914403-c-est-vraiment-le-quatrieme-reich

Semaine du 13 au 20 avril 2015

France

Jean-Marie Le Pen ne perd pas le nord

La dernière interview de Jean-Marie Le Pen dans le périodique d’extrême-droite Rivarol a déclenché l’ire des dirigeants frontistes à l’heure de la dédiabolisation de leur mouvement. La défense en règle de Pétain et la persistance de Jean-Marie Le Pen à ne voir dans les chambres à gaz qu’un point de détail de l’histoire a aggravé le fossé entre le président d’honneur du Front national et sa fille, Marine Le Pen. Aujourd’hui, son exclusion est même envisagée par les instances du parti. Mais entre les bisbilles familiales et cette vision pointilliste de la Shoah, il se pourrait que le monde politique et médiatique soit passé à côté de l’essentiel du discours de Le Pen dans Rivarol. C’est en tout cas l’analyse de Nicolas Lebourg qui se penche ici sur la mention d’ « Europe boréale » effectuée par le finaliste de la Présidentielle de 2002. Pour lui, la dernière sortie de Jean-Marie Le Pen a surtout marqué le retour de l’idéologie d’une extrême-droite paneuropéenne, née dans les années 20 en Allemagne.
http://www.slate.fr/story/100111/fn-jean-marie-le-pen

Royaume-Uni

Nom : Victoria Ière, Profession : écrivain

On n’en aura jamais fini avec Victoria. Cette réflexion a sans doute traversé l’esprit du futur Édouard VII qui ne devint souverain d’Angleterre qu’à 60 ans, après le décès de sa mère, l’impératrice Victoria. Cette phrase vient à l’esprit aujourd’hui également au moment où la fondatrice de la dynaste des Windsor retrouve une actualité. Les librairies anglaises s’apprêtent à accueillir une nouvelle qu’elle a rédigée autour de 1830. Pas encore monarque, Victoria s’appelle alors Alexandrina Victoria et est âgée de dix ans. Cette nouvelle intitulée Les aventures d’Alice Laselles raconte les épreuves rencontrées par une petite fille de bonne famille dans un pensionnat destinée aux rejetons de la haute société. Si Victoria n’avait pas du monter sur le trône, « elle aurait fait un magnifique écrivain », s’enthousiasme une auteure pour enfants dans cet article. En tout cas, les Britanniques n’en auront jamais fini de célébrer leur famille royale.
http://www.lefigaro.fr/livres/2015/04/09/03005-20150409ARTFIG00182-une-nouvelle-enfantine-de-la-reine-victoria-bientot-publiee.php

États-Unis

Les droits civiques, c’est un peu grâce à Naissance d’une nation de D.W. Griffith

Il n’y a presque pas une revue de presse de Résonances qui n’introduise un article traitant de la lutte pour les droits civiques des noirs américains tant ce combat contre la ségrégation trouve un écho mondial. Ici, l’auteur Dorian Lynskey revient sur l’importance cruciale de la polémique engendrée par le Naissance d’une nationde David W. Griffith à sa sortie dans le lancement de la lutte pour la reconnaissance politique de la communauté afro-américaine. Ce film, considéré comme un chef-d’œuvre dès sa production en 1915 et retrace la vie agitée du sud des USA après la guerre de Sécession. Il met surtout en scène une version raciste de l’histoire. Dorian Lynskey ne se contente pas d’évoquer l’intrigue de Griffith et Dixon : il replante également le dilemme qui trouble encore aujourd’hui les sociétés libérales : faut-il que les institutions amendent la liberté d’expression, censurent une œuvre lorsque celle-ci, par exemple, dévalorisent des individus ?

http://www.slate.com/articles/arts/history/2015/03/the_birth_of_a_nation_how_the_fight_to_censor_d_w_griffith_s_film_shaped.3.html

Chine

Pas un Mao plus haut que l’autre !

On connaît l’adage de Deng Xiao Ping : « Qu’il soit blanc ou noir, un chat est un bon chat du moment qu’il attrape des souris ». C’était la fin des années 70, et il s’agissait pour le successeur de Mao de justifier le virage capitaliste de la République populaire de Chine. Depuis, le marché libre a bien remplacé le collectivisme paysan des maoïstes mais les tabous restent les mêmes. Parmi eux : pas touche au bon président Mao ! L’animateur Bu Fujian, célèbre présentateur de la télévision publique chinoise, est en train de l’apprendre à ses dépens, comme le révèle site du quotidien suisse romand Le Matin. En effet, Bu Fujian a été suspendu après la diffusion d’une vidéo, tournée dans un cadre privé, où on le voit parodier un air de la propagande maoïste et insulter l’ancien chef d’État. De là à ce que Bu Fujian doive exécuter sa séance d’autocritique dans sa propre émission…
http://www.lematin.ch/monde/asie-oceanie/presentateur-tele-suspendu-injurie-mao/story/10826051

République Tchèque

Rire de tout et partout…même des nazis dans un ghetto juif

En fouillant dans les quelque 800 pages du journal Vedem, feuille clandestine tenue par de jeunes déportés du camp tchèque de Terezin, une jeune doctorante a fait une belle (re)découverte : une pièce titrée On a besoin d’un fantôme mettant en scène un tyran et sa garde de « saucissons brutaux » déterminés à faire en sorte que tout le monde pense comme eux. L’auteur de cette saynète s’appelait Hans Hachenburg. Il a écrit cette pièce à quatorze ans, en 1943 et est mort en 1944 gazé à Auschwitz. Il n’a pas pu voir sa pièce sur scène de son vivant, mais celle-ci lui aura du moins survécu. Jouée il y a quelques semaines à Genève, elle l’est également ce mois-ci à Strasbourg. Cette trouvaille jette de nouvelles lumières sur l’existence dans les camps et les ghettos et sur cette vie culturelle que certains essayaient d’y maintenir.
http://actu.orange.fr/une/theatre-l-etonnante-piece-d-un-enfant-juif-victime-du-nazisme-afp-s_CNT0000008Gakx.html

Pays-Bas

L’enquête autour de l’arrestation d’Anne Frank rouverte

Un livre néerlandais, paru en mars, commence à faire du bruit jusqu’en France. Ses auteurs ont cherché à identifier la personne responsable de la rafle de la famille Frank en 1945. Menacés par la politique antijuive en vigueur dans les Pays-bas occupés, ses membres ont trouvé une sécurité toute relative dans la fameuse annexe, attenante à l’entreprise du père. Cette cachette les a dérobés aux regards allemands pendant deux ans. Là, ils ont été secourus par les Volskuijl, employés de la société dont dépendait l’annexe, qui les ont nourris et tenus au courant de la marche de la guerre. Selon les auteurs de ce livre, c’est pourtant une fille Volskuijl qui aurait révélé l’existence de l’annexe et ainsi mis la main des nazis au collet de la famille Frank.
http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/anne-frank-l-identite-de-sa-denonciatrice-enfin-devoilee-7777323169

Espagne

Cette fois-ci, l’Académie d’Histoire espagnole en est sûre : Franco était bien un dictateur

La question du franquisme est, encore aujourd’hui, peut-être la question la plus épineuse de la société espagnole. Une difficulté qu’on retrouvait même à l’entrée « général Franco » du dictionnaire en ligne de l’Académie d’Histoire ibérique. Celle-ci renâclait jusqu’ici à qualifier de dictatorial le régime de l’ancien chef d’État. Sa nouvelle dirigeante, Carmen Iglésias, vient d’annoncer la correction imminente de la biographie numérique du Caudillo où il sera désormais présenté comme un dictateur. En 2011, la notice de Franco dans ce même dictionnaire internet avait suscité une polémique. Les rédacteurs y expliquaient que le militaire « mis en place un régime autoritaire, mais pas totalitaire ».
http://www.courrierinternational.com/article/espagne-franco-enfin-dictateur

Semaine du 30 mars au 6 avril 2015

France

 

S’arranger pour que l’histoire ne dérange pas trop le présent

On se souvient que la Belgique avait dû renoncer à émettre une pièce de 2 euros frappée du lion de Waterloo devant l’émoi de la diplomatie française. C’est moins à cette événement mineur qu’à ce qu’il révèle de paradoxal dans le rapport que les élites françaises entretiennent avec l’histoire de notre pays que s’intéresse ici Patrice Gueniffey. Dans cette interview, cet historien, spécialiste de l’Empire et de la Révolution, pointe la contradiction de politiques qui refusent de célébrer les défaites des armées françaises…comme leurs victoires. Selon lui, depuis 30 ans, pour contenter toutes les franges d’une population désormais plurielle, le traitement de l’histoire de France a consisté à la vider de sa substance, la simplifier, l’épurer de toutes nuances pour n’en garder que quelques repères symboliques et manichéens (1789 incarnant le bien par exemple, et Vichy le mal). Le but de la manœuvre pour l’historien ? Mépriser le passé pour ne pas s’aliéner ses contemporains.
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/03/13/31003-20150313ARTFIG00442-gueniffey-la-france-waterloo-les-pieces-de-deux-euros.php

France

 

La révolution de Février à l’hémicycle

Un grand entretien du nouveau site d’information Vrbatim propose, l’air de rien, une idée audacieuse : la France de 2015, en pleine crise de confiance concernant ses institutions et ses parlementaires, devrait tirer des enseignements des premiers mois de la II ème république. Samuel Hayat, interviewé ici, voit dans la révolution de 1848 la mise en place progressive d’un conflit entre deux républiques distinctes : celle des modérés, n’imaginant le nouveau régime que comme une reproduction de l’ancien augmenté du suffrage universel masculin, attachée au caractère absolu de la représentation parlementaire ; et la vision d’une république « démocratique et socialiste » où la représentation serait soumise au contrôle permanent des classes populaires. Si la répression des ouvriers parisiens en juin 1848 met à mal cette conception, elle ne l’étouffe pas. Aujourd’hui encore, ce désir d’un plus grand contrôle des élus se retrouve régulièrement sur la table.
http://vrbatim.fr/revolution-de-1848-lidee-republicaine-sest-construite-contre-le-systeme-representatif/

France

 

Les députés de la Constituante n’avaient pas lu Judith Butler

En février dernier, le collectif Zéromacho reprenait le flambeau d’Olympe de Gouges pour proposer une « Déclaration des Droits humains, de la citoyenne et du citoyen », remettant les pendules du texte fondateur de 1789 à l’heure de la mixité. Une initiative qui a eu le don d’indigner l’universitaire Laurent Bouvet qui y voit une attaque en règle contre les fondements de la république. Laurent Bouvet dénonce un mouvement de pensée incapable de concevoir l’universalisme autrement qu’à travers le prisme victimaire et minoritaire. Quand une association de l’année 2015 croit ne voir que l’homme dans la déclaration des droits de l’Homme, de dangereux phallocrates dans les députés de la Constituante et confond genre et nom générique.
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/03/26/31003-20150326ARTFIG00292-declaration-des-droits-des-citoyennes-le-ridicule-tuera-t-il-la-republique.php

Royaume-Uni

 

« Qui veut la paix, prépare la guerre ! »

Le journaliste Mikhail Grinberg se penche dans Medium sur la vision à moyen terme de Richard Burton Haldane qui fut le secrétaire d’État pour la guerre de l’empire britannique de 1905-1912. Cet homme d’État mit toute son énergie à moderniser par la réforme une armée anglaise bousculée durant la guerre des Boers. Selon Grinberg, l’action d’Haldane permit de remettre les troupes sur pied juste avant la Première guerre mondiale. Son originalité et son intérêt résident dans sa compréhension des spécificités de la paix dans la construction de la stratégie militaire. A savoir, entre autres, les contraintes budgétaires et la primauté des moyens et de la manière sur les fins. Un exemple inspirant selon l’auteur pour les États-Unis depuis le retrait de leurs soldats d’Afghanistan.
https://medium.com/the-bridge/peacetime-restrains-strategy-28657409266d

États-Unis

 

Lincoln n’avait rien contre Abraham

Un Américain peut-il encore apprendre quoi que ce soit sur le président Lincoln, peut-être l’homme politique le plus révéré des États-Unis ? Pour Emily Shire du Daily Beast, la réponse est oui. Elle sera d’autant plus positive pour un européen. La journaliste propose ici sa lecture d’une étude intitulée Lincoln and the Jews : A history par Jonathan D. Sarna et Benjamin Shapell. A l’approche de la date anniversaire de l’assassinat d’Abraham Lincoln (le 15 avril prochain marquera le 150ème année depuis l’attentat), ces deux chercheurs montrent que, outre sa politique abolitionniste, le président était dénué de tout sentiment antijuif à une époque pourtant fortement imprégnée d’antisémitisme.
http://www.thedailybeast.com/articles/2015/03/26/honest-abe-and-the-children-of-abraham.html

France

 

Toujours pas de musée de la femme dans l’Hexagone

Six musées de la femme en Allemagne, une douzaine aux États-Unis. En France ? Aucun. Les causes de cette lacune, ou de cette impasse, du monde de la culture français sont multiples aux yeux d’Aude Lorriaux. Le féminisme français serait trop militant et divisé pour s’accorder sur cette question ; le personnel des dirigeant de musées trop masculin ; le républicanisme universaliste et donc aveugle aux communautés ; les musées sociétaux ou historiques moins appréciés du public que les musées d’art. Le tout s’ajoutant à, ou expliquant, le manque de volonté des politiques. Pour le poète, la femme est l’avenir de l’homme mais pas sûr en revanche qu’en France un musée de la femme apparaisse de sitôt à l’horizon.
http://www.slate.fr/story/99029/pourquoi-musee-femmes-france

Semaine du 16 au 23 mars 2015

France

Remue-Ménard à Bézier autour d’une figure de l’Algérie française

La volonté de Robert Ménard, maire d’extrême-droite de Béziers, de débaptiser une rue du 19 mars 1962 pour la rebaptiser rue Hélie Denoix de Saint-Marc agite de nombreux observateurs, jusqu’à certains historiens. Dans cet article, publié par Médiapart, l’historien Gilles Manceron exhume le processus historiographique qui vise selon lui à réhabiliter les pratiques d’une part de l’armée française en Algérie en se servant de la figure de cet officier, ancien résistant, ancien déporté, dont les pas ont ensuite suivi les putschistes de 1961 et l’OAS.

http://blogs.mediapart.fr/blog/gilles-manceron/090315/helie-denoix-de-saint-marc-est-il-un-heros-francais

France

Drumont vit-il encore ?

L’historien Jean-Noël Jeanneney, animateur de l’émission Concordance des temps sur France Culture, le répète : les menaces qui pèsent sur les Français juifs se sont dernièrement accrues. Plutôt que de n’y voir que l’une des scories des crispations identitaires actuelles, il y voit un écho des fureurs des premières décennies d’une IIIème république chahutée par l’affaire Dreyfus. Avec son invité Grégoire Kauffmann, il revient tout particulièrement sur la postérité de l’héritage polémique et intellectuelle d’Henri Drumont, l’auteur de La France juive et rédacteur de la feuille antisémite La libre parole.
http://www.franceculture.fr/emission-concordance-des-temps-aux-racines-de-l-antisemitisme-francais-2015-03-14

Espagne

Franco n’a pas une statue de commandeur, il en a 86

« Laisse les morts ensevelir les morts » avait répondu à un de ses compagnons voulant enterrer son père un Jésus pas envahi par l’amour filial. Et cet adage semble correspondre parfaitement à la politique menée par les gouvernements espagnols de l’après-Franco. Mais, en dehors de la fracture entre les héritiers du franquisme et les autres, la mémoire du dictateur est encore gravée dans le marbre. 86 monuments à la gloire de Franco se dressent toujours sur le sol ibère. Une situation dont tout le monde ne parvient pas à s’accommoder.
http://www.france24.com/en/20150309-franco-symbols-live-spain-40-years-after-death/?aef_campaign_date=2015-03-09&aef_campaign_ref=partage_aef&dlvrit=66745&ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_linkname=editorial&ns_mchannel=social&ns_source=twitter

Irak

Hatra, une ville vraiment fantôme 

Pendant l’Antiquité, des peuplades arabes nomades se sédentarisent près d’une oasis perdue accolée au royaume des Parthes, au nord de l’Irak actuel, et fondent la cité d’Hatra. Vassalisée par son grand voisin, la ville réussit tout de même à conserver son autonomie et à prospérer. Les empereurs romains Trajan puis Septime Sévère viendront se casser les dents sur ses murailles en voulant mordre l’indépendance d’Hatra. Ce sont finalement les perses Sassanides qui auront raison de la cité un peu plus tard. Ses ruines ont pu dorer sous le soleil irakien tandis qu’autour de l’antique Hatra religions et empires passaient. Au début du mois de mars 2015, le groupe État islamique aurait cependant troublé la tranquillité de ces vieilles pierres. Qui sait ce qu’il en restera après eux ?
http://www.franceinfo.fr/emission/en-direct-du-monde/2014-2015/les-djihadistes-l-assaut-du-patrimoine-irakien-09-03-2015-04-03

États-Unis 

Après eux, le déluge

Nous avons précédemment partagé avec vous l’analyse de l’idéologie de l’État islamique par Graeme Wood. Ici, Jay Michaelson du Daily Beast, creuse le même sillon en revenant sur la vision eschatologique des salafistes. Il explique cependant que ce sens de l’histoire, pour le moins catastrophiste, n’est pas sans ressembler… aux projections des évangélistes américains. Michaelson s’inquiète de cette convergence de vues entre les islamistes et une tradition intellectuelle qui a déjà influencé la politique américaine. Mieux que la récupération de l’histoire par le présent ? La sujétion du présent à un sens de l’histoire millénariste.
http://www.thedailybeast.com/articles/2015/03/08/evangelicals-isis-feel-fine-about-the-end-of-the-world.html

Hongrie

Avec le temps, va, tout ne s’en va pas

Le New York Times a rencontré Eva Fahidi, vieille dame hongroise, dans son appartement de Budapest. Tirée des bancs de l’école, selon ses mots, pour être déportée par les nazis à 18 ans, elle atterrira à Auschwitz . Ce portrait sensible mais pas pathétique est autant l’occasion de revenir sur la survie d’Eva Fahidi dans les camps que sur la vie qu’elle a menée ensuite. L’article s’attarde également sur ses attentes devant le réapparition épisodique de ses anciens geôliers à la surface de l’actualité. Le mois prochain, un ancien gardien d’Auschwitz va comparaître devant un tribunal, un événement qui semble plonger la survivante dans un sentiment partagé entre espoir et méfiance.
http://www.nytimes.com/2015/03/14/world/europe/a-holocaust-survivor-tells-of-auschwitz-at-18-and-again-at-90.html?partner=socialflow&smid=tw-nytimes

Belgique

200 ans après Waterloo, les Français toujours butés

Non, il n’y aura pas de pièce de 2 euros commémorant la bataille de Waterloo. La Belgique a décidé de retirer son projet de mise en circulation d’une pièce frappée du fameux lion de la butte de Waterloo. La diplomatie française s’était fendue d’un courrier pour expliquer que cette innovation monétaire pouvait entraîner une « réaction défavorable dans l’Hexagone » et se révéler « préjudiciable » à l’heure où « les gouvernements tentent de renforcer l’union économique ». Si l’histoire a fait rire en Angleterre, elle a étonné en Belgique où personne, semble-t-il, ne s’attendait à pareille polémique. C’était compter sans la douleur toujours vive, au moins chez les responsables français. Ah la la, si seulement ça avait été Grouchy et pas Blücher… http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/03/12/une-nouvelle-bataille-de-waterloo-evitee-dans-la-zone-euro_4592750_3214.html

Semaine du 2 au 10 mars 2015

État islamique 

Le Djihad façon Daesh ? Une guerre sainte et médiévale

Ce long et brillant papier de Graeme Wood sur le site du magazine américain The Atlantic vous propose une plongée dans l’esprit des combattants du groupe État islamique. Et qui dit « esprit » ne peut qu’évoquer l’idéologie de cet énième (mais le plus sanguinaire de tous) avatar du salafisme. Car la soldatesque de l’EI a bien sûr sa logique pour justifier les décapitations, les otages brûlés vifs, les excommunications violentes, les conversions forcées : il s’agit de rajeunir l’islam, de la rendre à sa pureté originelle, celle de Mahomet, de ses compagnons et de leurs premiers successeurs. Ce long-format vous en dira plus sur ce « Califat » qui voudrait ramener le monde au VII ème siècle après J.C.
http://www.theatlantic.com/features/archive/2015/02/what-isis-really-wants/384980/

États-Unis

« Il n’est pas mort, il dort » et il parle même dans son sommeil !

Ilyasah Shabazz est la fille du leader afro-américain Malcolm X. Dans cette tribune, parue sur le site du New York Times à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de son père, elle examine les événements d’une année 2014 où la question raciale a fait son retour au premier plan. Plus précisément, elle invoque les mânes de Malcolm X et cherche à retranscrire le regard qu’il poserait sur, entre autres, la mort de Michael Brown abattu par la police et les mobilisations qui s’en sont suivies à Ferguson et ailleurs. Ilyasah Shabazz a ici recours à une des figures les plus hardies et les plus utilisées de la récupération de l’histoire par le présent : elle fait tout simplement parler un mort. Il faut reconnaître que sa connaissance de ce que son père aurait fait ou dit aujourd’hui s’il n’avait pas été assassiné il y a cinquante ans est admirable, a fortiori quand on sait qu’elle n’avait pas trois ans quand celui-ci est décédé.

http://www.nytimes.com/2015/02/21/opinion/ilyasah-shabazz-what-would-malcolm-x-think.html?smid=tw-nytopinion

France

Le destin de pierres

La profanation récente du cimetière juif de Sarre-Union en Alsace a braqué l’attention sur la communauté discrète des juifs des bords du Rhin. Plus que discrète, elle a quasiment disparu après avoir connu ses plus forts effectifs au milieu du XIX ème siècle avant l’exode rural et les tragédies des années 30 et 40. Si aujourd’hui, le judaïsme rural alsacien n’est plus, pour ainsi dire, qu’une affaire de vieilles pierres (cimetières, synagogues désertées…), des mains bienveillantes travaillent à sa conservation, tâchant de maintenir à flot, à la surface le patrimoine d’un monde pour partie balayé, pour l’autre dispersé aux quatre vents.
http://www.liberation.fr/societe/2015/02/21/les-vestiges-du-judaisme-rural-alsacien-un-patrimoine-vulnerable_1207170

États-Unis

Les vétérans étaient traumatisés bien avant American Sniper

Difficile d’échapper à la promotion puis aux polémiques qui ont entouré la sortie en salle d’American Sniper de Clint Eastwood. Va-t-en guerre, sanglant, imbécile, peut-être raciste, on en a dit beaucoup sur ce film adapté des mémoires du vétéran Chris Kyle, tireur d’élite de l’armée américaine en Irak, tué après son retour délicat aux États-Unis par un autre ancien combattant traumatisé. Ici, The Daily Beast veut délivrer le thème majeur d’American Sniper, le retour au pays d’un soldat émérite, de ses éventuels oripeaux conservateurs. Pour ce faire, il met l’autobiographie de Chris Kyle et son adaptation par Eastwood en perspective avec des héros de Fitzgerald, Hemingway et Woolf eux-mêmes aux prises avec les troubles du soldat en temps de paix. Par là, l’après guerre en Irak entre en résonance avec l’après-guerre de 14, et on s’aperçoit que rien ne ressemble plus à une génération sacrifiée qu’une autre génération sacrifiée au cinéma, en littérature et ailleurs.

http://www.thedailybeast.com/articles/2015/02/22/american-sniper-in-1925.html?source=socialflow&via=twitter_page&account=thedailybeast&medium=twitter

Royaume-Uni

Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ?

Ce très libéral Buttonwood’s notebook de The Economist s’ouvre curieusement par une manière de manifeste en faveur d’un usage raisonné (et limité) des comparaisons historiques en matière de crises financières. Ce qui n’empêche pas l’auteur de multiplier allègrement les exemples : Grande dépression et crise des subprimes, Moyen-Orient actuel et Allemagne de la guerre de 30 ans, Seconde et Première guerre mondiale etc. Mais nous ne sommes pas ici dans un jeu d’érudition sans conséquence. Il s’agit ici notamment, en s’appuyant sur les travaux de l’économiste Barry Eichengreen, de faire le lien entre l’abandon de l’étalon-or par la Grande-Bretagne en 1931 et une éventuelle sortie de l’euro de la Grèce de Tsipras…et de dresser, l’air de ne pas y toucher, un tableau peu réjouissant de cette hypothèse.
http://www.economist.com/blogs/buttonwood/2015/02/economics-and-finance?fsrc=scn%2Ftw%2Fte%2Fbl%2Fed%2Fbuttonwoodhistory